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Quand l’art ravive l’âme : l’art-thérapie auprès des personnes âgées
J’ai travaillé trois ans en EHPAD.
Trois années à côtoyer la vieillesse dans ce qu’elle a de plus beau et de plus douloureux.
Des corps fatigués, des mémoires en morceaux, des regards parfois perdus…
et surtout, une immense souffrance intérieure, souvent silencieuse.
Une solitude que ni les soins ni les murs ne peuvent apaiser.
Ce qui m’a le plus marquée, c’est à quel point l’imaginaire semble s’éloigner avec l’âge.
Comme si le quotidien, les douleurs, la perte d’autonomie… finissaient par étouffer ce souffle de vie.
Et pourtant, il est encore là, discret, fragile, mais bien vivant.
✂️ Créer malgré tout
Proposer l’art-thérapie en EHPAD, ce n’est pas facile.
Il y a des résistances.
La peur de rater, le besoin de bien faire, la difficulté à lâcher prise, la fatigue.
Certaines se découragent, se sentent "nulles", disent "je ne sais plus", ou "je n’ai jamais su".
Mais petit à petit, à leur rythme, avec douceur, elles bricolent quelque chose.
Un collage, une peinture, un poème, une scène jouée.
Quelque chose d’elles.
Et là… les visages changent.
Un sourire naît.
Un regard s’éclaire.
Un apaisement se dépose.
Ce n’est pas l’œuvre qui compte, c’est le processus :
la rencontre, le geste, le groupe, le droit d’essayer, de rater, de rêver encore un peu.
🌷 Offrir un espace vivant
L’art-thérapie devient alors un souffle dans la routine,
un moyen de revaloriser la personne, de réactiver des souvenirs heureux,
de reconnecter au plaisir, à la beauté, à l’humain.
Ce sont souvent de petits miracles silencieux.
Une main qui tremblait et qui ose tenir un pinceau.
Un rire échappé entre deux collages.
Une dame qui dit en partant : « Ça m’a fait du bien, je ne pensais plus à mes douleurs. »
L’art-thérapie ne prétend pas guérir.
Mais elle peut offrir un espace d’expression, de réconfort, et de dignité.
Et cela, à tout âge, jusqu’au bout de la vie, a une valeur inestimable